Vous habitez à présent dans l'Oberland bernois, pourquoi avez-vous quitté Lucerne?
Je devais rester quatre mois dans l'Oberland bernois pour des raisons professionnelles. Puis j'ai rencontré quelqu'un. Après notre séparation, je suis restée à cause des randonnées à ski, des sites d'escalade et de mes nouvelles amitiés. J'ai cependant préservé mon lien fort avec la Suisse centrale et gardé mes anciens amis. C'est pourquoi je suis souvent ici. J'ai également fondé mon entreprise, la société Evelyne Binsack Outdoor GmbH, ici, à Hergiswil. Je viens chaque semaine en Suisse centrale, chez ma mère et ma sœur.
Vous ne savez sans doute pas ce qu'est le vertige. Mais comment faites-vous quand un client a le vertige?
Sur une crête exposée, il peut arriver qu'un client ait le vertige. Je le guide en tenant la corde très serrée, ce qui est rassurant. De plus, je lui conseille de regarder mes talons plutôt que le précipice. Cela fonctionne en général plutôt bien. Pour ceux qui ont systématiquement le vertige, on choisit l'itinéraire en conséquence. Ainsi, eux aussi peuvent atteindre de hauts sommets.
Vous approchez de la cinquantaine – l'âge a-t-il une influence sur le type de défi que vous relevez?
Dans le domaine de l'alpinisme et de l'aventure, il y a plusieurs phases. Quand on a entre 15 et 30 ou 35 ans, on est tout feu, tout flamme et on a déjà perdu plusieurs vies. Par exemple, parce qu'on a fait une chute ou survécu à une avalanche. Ça marque. Avec l'âge, on n'est moins attiré par les trucs excentriques, mais plutôt par les objectifs créatifs. On gravit une montagne dans l'Antarctique ou on prend le temps de mieux connaître la population, le pays et la culture.
Vous menez une vie passionnante – quel est le prix à payer?
Il réside avant tout dans le manque de sécurité matérielle. Je n'ai pas de revenu fixe. Je dois toujours générer des revenus avec des activités créatives liées à la montagne. Si je le souhaite, je peux reprendre mon métier de guide de montagne. Il y toujours des possibilités, mais pour mener une vie d'aventurière il faut renoncer à un revenu fixe. Il faut pouvoir le supporter.
Quelles seront vos prochaines aventures?
Souvent, les gens ne comprennent pas que le but d'une expédition n'apparaît pas d'un seul coup, mais se développe de manière organique. C'est différent pour l'ascension d'un 8000 mètres - et ce n'est pas irrévérencieux, car on donne tout lors d'une ascension - mais au bout de deux mois, on est rentré. En revanche, les grandes expéditions durent six mois, un an, voire un an et demi, ce qui exige une autre détermination. C'est pourquoi je ne le fais pas tous les deux ou quatre ans, mais plutôt tous les sept à huit ans. J'ai besoin de ce temps pour me préparer mentalement à relever le défi.
De quoi pourrait-il s'agir?
Je retournerai certainement dans le froid. Mais, même si j'ai la réponse sur le bout de la langue, je préfère ne pas le dire. Je dois d'abord être sûre de vouloir vraiment m'engager dans ce projet avant de pouvoir en parler.
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